Bordeaux est la seconde ville française avec le plus de monuments classés (365 monuments historiques). Parmi ces joyaux d’architecture, figure le temple des Chartrons, monument phare du charmant quartier de Notre-Dame, et résolument l’un des incontournables de Bordeaux. Cependant, malgré son rayonnement, ce temple est encore pour beaucoup le détenteur de secrets bien gardés. On vous en compte quelques uns ?
L’histoire du temple
Le Temple des Chartrons est un ancien temple protestant dont la construction date de 1835. Il a été pensé par Antoine Vermeil, pasteur à Bordeaux de 1824 à 1840, pionnier de l’esprit du Réveil, un mouvement social qui se base sur un renouvellement spirituel et une foi plus souple. C’est l’architecte bordelais Armand Corcelles qui est à l’origine de sa construction de style néo-classique.
Secrets d’architecture
Situé en plein centre-ville, un parvis avec clôture en fer forgé précède l’édifice. Une nef unique et quatre travées composent son architecture. Et ce sont également quatre colonnes ioniques qui supportent la façade, surmontées d’un fronton triangulaire. Un bas-relief sculpté orne le mur de la façade qui représente une Bible ouverte sur un fond de nuages. Ces colonnes contrastent avec les 4 colonnes corinthiennes du revers de la façade qui supportent une tribune qui occupe toute la largeur de la nef, couverte par une voûte lambrissée.
Fermé pendant plus de 35 ans
Autrefois lieu de culte foisonnant de grandes familles protestantes, il connaît au début de sa construction une courte période de rayonnement. Au fil des années, les fidèles se font rares. L’influence économique et politiques des protestants diminue, jusqu’à faire émerger l’idée de se séparer du monument. Il est désaffecté au culte dans les années 70. Inscrit au titre des monuments historiques en 1975, il sera finalement vendu en 1985 à la Ville de Bordeaux.
Transformé en lieu culturel
Sa divine résurrection a lieu en 2015, lorsque l’on décide de donner un usage culturel au temple. En 2019, il accueille l’exposition « Merci » de l’artiste contemporain espagnol Gonzalo Borondo dans le cadre de la saison Liberté. Quand l’artiste y pénètre pour la première fois, le temple sert alors uniquement à stocker du matériel scénographique du CAPC et du Musée des Beaux-Arts.
Pendant quatre mois, Borondo s’affaire donc à “faire de ce non-lieu un lieu”. Vidéos, sculptures, installations et créations sonores débordent sur la façade, investissent l’entrée, les étages, les murs, le sol, l’autel… Jusqu’à le transformer en véritable temple païen. Aujourd’hui, on se plaît à manger sur la terrasse intimiste de la cantine Juliena, un classique, et à admirer la façade monumentale de l’impénétrable temple des Chartrons.